Le prix UNESCO de l'éducation pour la paix 2003 est attribué au Père Emile Shoufani (Israel)


Paris – Le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, a décerné le Prix UNESCO de l’éducation pour la paix à Emile Shoufani, prêtre arabe israélien, directeur du collège gréco-catholique Saint-Joseph à Nazareth, sur proposition du jury international du prix. 

Communiqué de Presse No 2003 - 32
28-05-2003 10:00 am


Réuni les 26 et 27 mai au siège de l’Organisation, le jury a déclaré : « Son attitude personnelle et son action ont toujours été imprégnées de dialogue, de paix et de tolérance, ainsi que du désir constant de rapprocher les Arabes et les Juifs ».

Surnommé le « curé de Nazareth », le Père Emile Shoufani, né en 1947, a élaboré en 1988 le projet « Education pour la paix, la démocratie et la co-existence » qu’il a mis en oeuvre dans le collège Saint-Joseph, dont il est le directeur depuis 1976. Il s’est efforcé de rapprocher Arabes et Juifs en jumelant son établissement avec l’école juive Lyada de Jérusalem et en développant les échanges d’élèves. Pour lui, la diversité culturelle et religieuse, loin d’être un obstacle, doit être considérée comme un vecteur de paix. Le Père Shoufani a exposé les grandes lignes de sa pensée et de son œuvre dans deux ouvrages d’entretiens, Le Curé de Nazareth (1998) et Comme un veilleur attend la paix (2002).

A la fin de 2002, il a lancé le projet « Mémoire pour la paix » en Israël et en France, qui prépare un pèlerinage commun juif et arabe à Auschwitz-Birkenau. A cette occasion, il a déclaré : « J’appelle mes frères arabes à se joindre à moi pour accomplir ensemble un geste fort, gratuit et résolument audacieux. Sur le lieu qui incarne l’atrocité du génocide, à Auschwitz-Birkenau, nous ferons acte de fraternité envers les millions de victimes, nous proclamerons notre solidarité avec leurs fils et leurs filles. [...] Cet acte de mémoire signifiera notre refus radical d’une telle humanité, il témoignera de notre capacité à comprendre la blessure de l’autre. [...] J’appelle mes frères juifs à se joindre à cette marche, qui sera précédée d’une démarche de rencontres et de dialogues. J’appelle mes frères juifs et mes frères arabes à tout faire, avant, pendant et après cette démarche commune, pour lui donner son sens plein, celui d’un premier pas en vue de construire une confiance mutuelle ».

Une mention d’honneur a en outre été décernée à Yolande Mukagasana, rwandaise et belge, née en 1954 au Rwanda. Lors des massacres de la guerre civile de 1994, elle a perdu son mari et ses trois enfants et vu détruire le centre de santé qu’elle avait fondé. Elle a alors construit un centre d’accueil pour orphelins et en a adopté dix-sept. Réfugiée en Belgique depuis 1995, elle y a créé en 1999 « Nyarimambo Point d’Appui - Fondation pour la mémoire du génocide au Rwanda et pour la reconstruction », qui oeuvre pour sensibiliser le public, en particulier les jeunes, à cette tragédie, notamment par la littérature, le théâtre et des conférences. Ainsi, l’exposition « Les blessures du silence » a été montrée dans des écoles au Rwanda, au Canada et dans de nombreux pays européens.

Les membres du jury du prix sont Lucy Smith (Norvège), Arjun Appadurai (Inde), Mohammed Arkoun (Algérie), Javier Perez de Cuellar (Pérou), Cassam Uteem (Maurice).

Le Prix UNESCO de l’éducation pour la paix est décerné depuis 1981 pour promouvoir des actions visant à sensibiliser l’opinion publique et à mobiliser les consciences en faveur de la paix. Il est doté de 30 000 dollars, grâce à un don de la Nippon Foundation. En 2002, le prix a distingué la City Montessori School (Inde). Les années précédentes, on comptait parmi les lauréats le Centre juif-arabe pour la paix à Givat Haviva (Israël), l'évêque Nelson Onono-Onweng (Ouganda), les Mères de la Place de Mai (Argentine), Prayudh Payutto (Thaïlande), Mère Teresa (Inde), Rigoberta Menchú Tum (Guatemala) ou encore Paulo Freire (Brésil).

Le prix sera remis aux lauréats le 8 septembre prochain au siège de l’UNESCO.


Auteur(s) UNESCOPRESSE


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